28/04/2016

Toponymie : Les Choux Rôtis


Les Choux Rôtis

Au hasard d’une promenade en Plélan-le-Grand, après une petite côte nous arrivons sur un terrain plat  au lieu-dit « Les Choux Rôtis ».
Une image mentale alléchante chatouille nos papilles. Mais, non, ce n’est pas la spécialité du petit restaurant du coin. C’est le nom d’un hameau dans la campagne de Plélan. 


 Les « choux » est probablement un ancien cus /coes (choes) / cois qu’on retrouve dans les anciennes graphies du fleuve Couesnon et dans les nombreuses petites rivières : « Couze » du Massif Central, ainsi que dans les nombreux ruisseaux, rivières de France : Coise, Choise, Choisel, Choiseau.
Ce cus vient d’une racine indo-européenne kud-h qui signifiait : grande saleté, merde.
Les noms de cours d’eau qui en sont nés qualifièrent probablement des rivières très sales, boueuses, vaseuses. Ce qui est le cas du Couesnon quand son cours se perd et serpente dans les lises de la baie du Mont Saint-Michel.
On peut imaginer qu’ici, à Plélan, « coes » / « choes » / « choux » désignèrent autrefois des lieux bourbeux, marécageux. 

Et « Rôti » ?
Il faut sans doute y voir une autre racine i-e : « rot » (prononcer rot’) que l’imagination populaire a transformée en « rôti », au sens plus parlant. Cette racine désigna jadis la pourriture, la décomposition, la fermentation. Sachant cela, nous arrêtons définitivement de saliver sur ces « Choux Rôtis » !

Cette racine rot a donné les mots : 
  •  Rotoir (ou routoir) qui nomma les lieux aux eaux croupissantes où on faisait rouir (pourrir) la gomme résineuse du chanvre, libérant la fibre textile.
  • (to) rot en anglais : pourrir. 
  • Et peut-être le Routouan, en Saint-Malo qui fut et est toujours un ruisseau collecteur d’eaux marécageuses, mais dans le nom duquel certains voient plutôt la racine rod : gué.
  • Enfin, autre hypothèse, beaucoup plus loin de nous, la Rotte, fleuve qui devait charrier des eaux bien sales à… Rotterdam.
La toponymie est plus une collecte d’hypothèses que de certitudes !
Les « Choux Rôtis », par les deux éléments redondants qui constituent ce nom de lieu-dit est un bel exemple de tautologie. La toponymie est aussi friande de mots « barbares » !