Les Choux Rôtis
Au hasard
d’une promenade en Plélan-le-Grand, après une petite côte nous arrivons sur un
terrain plat au lieu-dit « Les Choux Rôtis ».
Une image
mentale alléchante chatouille nos papilles. Mais, non, ce n’est pas la
spécialité du petit restaurant du coin. C’est le nom d’un hameau dans la
campagne de Plélan.
Les « choux » est
probablement un ancien cus /coes (choes) / cois qu’on retrouve
dans les anciennes graphies du fleuve Couesnon et dans les nombreuses petites
rivières : « Couze » du Massif Central, ainsi que dans les
nombreux ruisseaux, rivières de France : Coise, Choise, Choisel, Choiseau.
Ce cus vient d’une racine indo-européenne kud-h qui signifiait : grande
saleté, merde.
Les noms de
cours d’eau qui en sont nés qualifièrent probablement des rivières très sales,
boueuses, vaseuses. Ce qui est le cas du Couesnon quand son cours se perd et
serpente dans les lises de la baie du Mont Saint-Michel.
On peut
imaginer qu’ici, à Plélan, « coes » / « choes » /
« choux » désignèrent autrefois des lieux bourbeux, marécageux.
Et « Rôti » ?
Il faut sans
doute y voir une autre racine i-e : « rot » (prononcer rot’) que l’imagination populaire a
transformée en « rôti », au sens plus parlant. Cette racine désigna
jadis la pourriture, la décomposition, la fermentation. Sachant cela, nous
arrêtons définitivement de saliver sur ces « Choux Rôtis » !
Cette racine rot a donné les mots :
- Rotoir (ou routoir) qui nomma les lieux aux eaux croupissantes où on faisait rouir (pourrir) la gomme résineuse du chanvre, libérant la fibre textile.
- (to) rot en anglais : pourrir.
- Et peut-être le Routouan, en Saint-Malo qui fut et est toujours un ruisseau collecteur d’eaux marécageuses, mais dans le nom duquel certains voient plutôt la racine rod : gué.
- Enfin, autre hypothèse, beaucoup plus loin de nous, la Rotte, fleuve qui devait charrier des eaux bien sales à… Rotterdam.
La toponymie
est plus une collecte d’hypothèses que de certitudes !
Les « Choux
Rôtis », par les deux éléments redondants qui constituent ce nom de
lieu-dit est un bel exemple de tautologie. La toponymie est aussi friande de
mots « barbares » !